La vie en spirale

On croit souvent réinventer la roue, alors que nous marchons souvent dans les mêmes sentiers : souvent pour les refaire parce qu’on s’y sent bien et quelques autres rares fois pour les réimaginer autrement. Alors là, le trajet nous surprend et nous amène à nous dépasser.

La FEEP (Fédération des établissements d’enseignement privés) a souligné en présence (je déteste le mot présentiel) mon départ à la retraite lors de sa dernière assemblée d’automne : 15 mois plus tard. Vous l’aurez compris, j’ai pris ma retraite en pleine pandémie: non pas à cause d’elle, mais parce que je considérais que le temps était venu de re-traiter ma vie à l’aube de la soixantaine.

Des personnalités marquantes de mes dernières années à la FEEP m’ont livré des hommages touchants, sincères et comiques à la fois. Un grand moment d’émotion ! Bien évidemment, on m’a demandé de prendre la parole devant cette assemblée de directrices et directeurs des services pédagogiques. J’essaierai ici de reprendre l’essentiel de mes propos.

« La thématique de la journée que vous venez de vivre portant sur le développement professionnel (DP) est le plus beau lien pour vous adresser la parole aujourd’hui. Le DP, c’est l’éternel enrichissement de nos parcours, leur verdissement comme le décrit si bien le terme anglais d’evergreening. Et c’est justement de mon parcours, de mon itinéraire dont j’aimerais vous parler.

Très jeune, j’étais animé par l’idée de devenir archéologue. Je m’imaginais fouiller des documents et travailler fort sur des chantiers réalisant de belles découvertes que j’aurais le plaisir de partager.  C’est animé de ce désir que j’ai commencé des études en science pour rapidement découvrir que je n’étais pas dans mon élément et que je devais me réorienter.

(Égypte Image Pixabay)

C’est ainsi que je me suis retrouvé enseignant de français au secondaire et de littérature et de communication au niveau collégial. J’ai effectué mon premier retour aux études à peine 10 ans après mon entrée dans la profession. Je vous parle du début des années 90 où je me suis inscrit à un certificat en informatique appliquée à l’éducation, alors qu’il n’y avait pas dix ordinateurs Macintosh à écran vert monochrome (probablement un 512Ke) à la disposition des enseignants  du collège où j’enseignais. Quelle heureuse initiative !  Dire que la pandémie a fait découvrir le numérique à certains enseignants. 

(Macintosh 512Ke https://bit.ly/3BFRAUq )  

Au début des années 2000,  j’ai entrepris une maîtrise en Communication appliquée à l’Éducation portant sur la motivation des garçons à vouloir réussir à l’école en lien avec la maîtrise des compétences en lecture dès leur jeune âge.  Un sujet malheureusement encore trop d’actualité.

À travers ces études, j’ai cheminé sur le plan professionnel pour devenir directeur de niveau, directeur de cycle et directeur des services pédagogiques avant d’arriver à la FEEP comme directeur à l’innovation et au développement pédagogique.  Tout ne se fait pas en criant ciseau. J’ai aussi été animateur radio, cinéaste, et emballeur dans une épicerie (une compétence très utile en couple).

Je m’adresse à vous qui êtes DSP de votre école pour vous parler de l’importance de votre rôle. Si la direction générale est souvent seule en haut de la pyramide administrative d’une école, vous êtes, vous directrices et directeurs des services pédagogiques, responsables du climat de votre école, du déploiement des bonnes pratiques. Vous avez un devoir de cohésion, de collaboration, un devoir d’équipe et, non le moindre, un devoir d’actualisation de la profession.  Le développement professionnel de vos équipes et de vous-même doit être au cœur de vos motivations  pour garder votre école dynamique et vos élèves engagés, ce qui est encore plus fort que motivés.

(Inspiration Image Pixabay)

Vous devez oser innover dans un secteur, l’Éducation, trop souvent réputé pour son conservatisme. J’aurai siégé sur plusieurs comités au ministère l’Éducation (qui ne cesse de changer de nom au Québec), vu passer des ministres, des nouveaux programmes et des réformes, croisé des gens passionnés et passionnants et d’autres plus ronds de cuir et désabusés de l’appareil gouvernemental.   

Il faut se le dire, notre ministère de l’Éducation est paresseux et manque atrocement d’envergure.  Que fait notre ministère des avis souvent fort pertinents du Conseil supérieur de l’Éducation ? Quelle place accorde notre ministère à la recherche universitaire, aux études sur le terrain, aux pratiques exemplaires développées ici et ailleurs ?  Pourquoi notre ministère en est-il un de passage où les fonctionnaires s’empressent de changer de ministère dès qu’ils le peuvent ?  Pourquoi n’avons-nous pas d’Écoles universitaires comme cela se fait dans d’autres pays ?  Pourquoi ce haut lieu d’apprentissage n’est-il réservé qu’à la médecine au Québec ? Pourquoi nos facultés d’éducation demandent la plus basse cote R aux étudiants qui veulent entrer dans leurs facultés ? Pourquoi le développement professionnel (je parle ici d’un vrai plan de DP signifiant) n’est-il pas obligatoire et régit par un ordre professionnel au Québec ?  Pourquoi la profession enseignante attire-t-elle de moins en moins d’hommes ? Pourquoi la profession n’est-elle pas valorisée socialement ?  Pourquoi ? Pourquoi ?

J’aurai posé plusieurs fois ces questions et bien d’autres au fil de ma carrière et plus spécifiquement pendant mes 7 années à la FEEP. Mais ce qui m’étonnera toujours et m’étonne encore, c’est la force et la conviction des gens qui travaillent dans les écoles au quotidien. Leur engagement, leur volonté de faire réussir les jeunes, leur patience, leur amour et leur dévouement pour la petite Maëlle, le petit Nicolas, la grande Ulrich ou le grand Dimitri. Cela ne s’invente pas: c’est de la passion. Malgré les contraintes et la complexité de la tâche de plus en plus lourde.

Vous l’aurez compris, les relations humaines occupent une place prépondérante dans ma carrière. C’est probablement ce qui explique que j’ai quitté mes études au MBA après avoir fait tous les cours de ressources humaines et réussi (sans intérêt, je l’avoue) un cours de mathématiques financières. Là non plus je n’étais pas dans mon élément.

J’ai trouvé mon X quand je suis arrivé à la Fédération et c’est ce que je vous souhaite à tous : Trouver son X pour se réaliser pleinement. J’ai pleinement vécu le sentiment d’être utile, d’aider les autres, de partager et d’être dans le feu de l’action. Combien de fois j’ai eu le bonheur de croiser des gens inspirés et inspirants, de diriger des comités où la force du groupe et l’intelligence collective ont pu se manifester en toute confiance ?

(X Image Pixabay)

Maintenant, je suis travailleur autonome. J’ai quitté le rythme effréné du quotidien,  mais je ne suis pas moins engagé. Un conseil d’administration, des rédactions, des formations, de l’accompagnement professionnel de jeunes directions nouvellement en poste : voici autant de beaux défis à relever. Me voici au temps de redonner et de partager ce que j’ai glané sur mon chemin.

Je n’aurai pas été archéologue, mais, toute ma vie durant j’aurai fouillé des dossiers et travaillé fort sur des chantiers avec de superbes équipes réalisant de belles découvertes que j’ai eu le plaisir de partager. Alors, en quelque sorte, mon rêve s’est réalisé.

Je vous souhaite à toutes et à tous bonne route dans le merveilleux monde de l’Éducation. »

La vie n’est pas un long  fleuve tranquille comme le disait l’écrivaine Gabrielle Roy et c’est bien vrai et c’est tant mieux. Il y a des eaux calmes, il y a des tumultes, des courbes, des détours et des embranchements. 

Je suis arrivé en éducation par accident en me disant que ce n’est pas vrai que l’école doit être ennuyante en réaction à mon triste passage au secondaire.  C’est sûrement cette révolte intérieure et ce doute constant sur la permanence des choses qui m’ont permis d’avoir une belle carrière en éducation, malgré toutes les spirales que l’existence nous fait vivre.

Le CADRE21 : un nouvel agent de changement

C’est à peine revenue du Colloque de Clair 2016, au Nouveau-Brunswick, que l’équipe du CADRE 21 s’est affairée à accueillir les visiteurs lors de l’opération Portes ouvertes qui se déroulait dans ses locaux du boulevard Henri-Bourassa Est à Montréal, du 1er au 4 février dernier. L’événement a suscité beaucoup de curiosité pour ce nouveau joueur du monde de l’éducation. Au moment où la plupart des états appliquent des régimes minceurs à leurs systèmes éducatifs, l’offre du CADRE21 arrive comme une bouffée de fraîcheur, afin de stimuler l’engagement et le développement professionnel des enseignantes et enseignants de la francophonie.

Inauguration du CADRE21

Jacques Cool, coordonnateur du CADRE21 et moi-même, coordonnateur au développement pédagogique, avons sillonné le Québec et le Canada l’automne dernier, afin de préparer la venue du Centre d’Animation, de Développement et de Recherche en Éducation pour le 21e siècle www.cadre21.org à une quinzaine de groupes distincts. Nous avons procédé à l’inauguration officielle des lieux et de son site Web le jeudi 21 janvier dernier en compagnie d’acteurs de l’éducation, actuels et des premières heures, d’enseignants, de chercheurs, d’hommes et de femmes politiques, de gens des médias, d’administrateurs et bien évidemment d’élèves; puisque c’est pour eux que nous cherchons constamment à améliorer la pratique des professionnels de l’Éducation. Un robot de téléprésence a permis à Sylvie Blain, professeur de didactique du français à l’Université de Moncton au Nouveau-Brunswick et à Christophe Batier, directeur technique du service Icap à l’Université de Lyon 1 de participer à l’inauguration et de s’entretenir avec les invités sur place, et ce, malgré la distance.

Jacques Cool et Jarvis

Jacques Cool et le robot de téléprésence Jarvis

Le CADRE21 : un lieu

Les portes ouvertes ont permis d’accueillir une centaine de visiteurs dans les locaux du CADRE21 entre le 1er et le 4 février. Des enseignants, des directions d’établissements, des conseillers pédagogiques, des chercheurs, des représentants syndicaux et du monde des affaires ont tour à tour franchi les portes pour découvrir ce nouvel environnement. Au-delà de sa salle de conférence multifonctionnelle et de son robot de téléprésence, prénommé Jarvis (en référence à l’ordinateur central de Marvel) le centre offre des salles de création et de production tout à fait innovantes et inspirantes, aux dires des visiteurs. Cela c’est sans parler d’un coin lounge propice aux échanges informels. Les salles entièrement numériques s’appuient sur un système de domotique permettant de créer des lieux interactifs de travail ou encore des atmosphères où les sons et les éclairages s’adaptent en fonction des besoins de l’animation ou de l’activité en cours.

Salle de conférence

Salle de conférence multifonctionnelle

Le CADRE21 : un site en trois axes

Les visiteurs ont pu être mis en contact avec les trois grands axes du site du CADRE21 qui s’articulent autour de l’animation, du développement et de la recherche. Bien évidemment, les animations diffusées à partir du CADRE21 auront pour thématique l’Éducation, mais dans toutes ses dimensions c.-à-d. tant micro que macro. Cela pourra donner lieu à la tenue de Soupers pédagogiques presque parfaits, avec des problématiques reliées davantage à la réalité quotidienne de l’École. Ce sera aussi l’occasion de questionner les grands enjeux mondiaux de l’Éducation à travers les rôles et les fonctions de l’École relativement aux exigences de la profession enseignante au 21e siècle telles que définies par l’UNESCO ou Partnership for 21st century learning, par exemple.

Le volet développement constitue à coup sûr l’axe majeur sur lequel le CADRE21 s’est investi. Le développement professionnel s’inscrit clairement dans une offre de formation continue pour les enseignants et les professionnels de l’éducation. Cette offre de développement professionnel s’appuie sur une approche d’accompagnement : accompagnement par les pairs et par la communauté d’apprentissage qui se développe à chacun des niveaux d’apprentissage. Le tout soutenu par un système de badges numériques dont les données cryptées témoignent des réalisations de chacun. Ainsi, les professionnels sont invités à identifier leurs besoins de formation en fonction de trois familles de compétences : à savoir, l’intégration des TIC, la gestion de classe et les stratégies pédagogiques.

Familles de badges

Familles de badges

Une fois inscrits, les enseignants ont accès à de la documentation préalablement sélectionnée pour sa pertinence, par des experts de contenu. Ce corpus permet donc aux apprenants d’explorer et de cheminer en ayant accès à une foule de données, de témoignages d’experts ou de collègues. Finalement, une fois le parcours terminé, l’apprenant est en mesure de procéder à la demande de son badge. Libre à lui de s’inscrire dans un autre par la suite. À la différence d’un MOOC ou de formations plus traditionnelles, le parcours de formation proposé par le CADRE21 ne requiert aucune présence ni suivi d’un horaire commun. Les contraintes de lieux et de temps qui sont les principaux obstacles à la formation continue viennent de s’effacer avec cette offre du CADRE21.

Parcours de formation

Parcours de formation

La dimension recherche s’appuie sur la collaboration avec des organismes bien reconnus dans le monde de l’éducation. Il suffit de penser aux Thot Cursus, Carrefour Éducation, CTREQ ou Canopé de ce monde pour s’en convaincre. «  Le but escompté n‘est pas de créer un autre silo en marge de ce qui existe déjà en éducation », nous rappelle Jacques Cool. Au contraire, le CADRE21 veut regrouper en son sein, les meilleures références sur les diverses thématiques liées à l’éducation sans que les visiteurs n’aient à cheminer à travers différents sites. Le volet recherche offrira un lieu de partage des meilleures pratiques, le tout sous une même enseigne. Le CADRE21 envisage même de s’associer avec des maîtrisants ou des doctorants, afin de leur offrir un espace de collaboration et de vulgarisation de leurs travaux de recherche. Une forme de pont entre la recherche et la pratique, quoi!

Un bel avenir pour la profession enseignante

La particularité du CADRE21 se manifeste par son ouverture à l’ensemble des acteurs du monde de l’éducation dans l’ensemble de la francophonie et par son offre de formation qui laisse l’apprenant libre d’entreprendre à son rythme une démarche de formation continue. À l’heure où la profession enseignante doit s’actualiser de plus en plus pour répondre aux besoins pressants de cette école du 21e siècle, le CADRE21, se présente comme un agent de changement incontournable.

Quand la science aide les élèves à mieux réussir à l’école !

À l’heure où la majorité des pays membres de l’OCDE repensent leurs systèmes d’éducation, voici que les neurosciences arrivent au secours des élèves pour optimiser leurs apprentissages. Les récentes recherches en science cognitive déboulonnent des mythes en éducation et encouragent certaines stratégies pédagogiques qui contribuent à la réussite des élèves. Tout cela grâce à l’imagerie cérébrale.

Les mythes sont tenaces lorsqu’il est question du cerveau en éducation. Les principaux neuromythes, puisque c’est de cela qu’il s’agit, sont fortement ancrés dans la population mais aussi chez les enseignants. Voici les principales idées reçues :

  • L’humain se sert d’à peine 10% de son cerveau (faux, il fonctionne à 100% selon les tâches demandées);
  • Le cerveau est plus performant avant l’âge de 50 ans (faux, il conserve sa plasticité toute sa vie en autant qu’il soit régulièrement sollicité);
  • Les différences entre les hémisphères gauche et droit expliquent la différence des apprentissages (faux, les hémisphères sont complémentaires);
  • Le respect du style d’apprentissage de l’élève (auditif, visuel, kinesthésique) affecte sa réussite (faux, aucune étude n’a réussi à le prouver sinon qu’il importe de varier ses stratégies pédagogiques pour stimuler l’attention des élèves);

Comment voir les apprentissages ?

L’imagerie par résonnance magnétique (RIM) est à la base des travaux en neuroscience. Grâce à l’IRM, il est maintenant possible de voir l’activité cérébrale au moment des apprentissages. Elle permet d’illustrer les connexions qui se font selon les tâches demandées à l’élève. Plus spécifiquement, nous pouvons observer une augmentation de l’activité neuronale dans les zones où se font les apprentissages. Cela se démontre par l’accroissement du nombre de connexions qui s’opèrent dans le cerveau.

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Figure 1- Neurones-freeimages.com

Comment aider les élèves?

Le récent symposium international de l’Association canadienne en éducation www.cea-ace.ca/fr s’est déroulé sous le thème La persévérance scolaire – Ce que la neuroscience peut nous enseigner. Le Dr Steve Masson, de l’Université du Québec à Montréal et directeur du Laboratoire de recherche en neuroéducation (LRN),   y a présenté des stratégies pédagogiques que les enseignants auraient avantage à intégrer dans leur pratique.

Tout d’abord, il importe de répéter l’activation neuronale. « Si on emprunte souvent le même sentier dans la forêt, un chemin se développe et on y circule plus facilement », affirme-t-il. Il en est de même avec l’activation des mêmes connexions qui contribuent à ce que les élèves fassent de meilleurs apprentissages.

L’effet d’espacement des périodes d’étude, telle qu’il les appelle, contribue aussi à mieux ancrer les apprentissages. Ainsi, il est plus profitable d’étudier quatre fois 30 minutes plutôt que de le faire pendant deux heures. Le phénomène d’oubli s’en trouve diminué et la réactivation des connaissances augmente la rétention des apprentissages comme l’illustre la figure 2.

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Figure 2 Activation des savoirs ©Steve Masson

Le prochain article abordera les autres principes pédagogiques sur lesquels le Dr Masson fait porter ses recherches. Il s’agit d’autant de pistes pour mener les élèves vers la réussite.

La profession enseignante : au cœur de la modernisation de l’école

Les 29 et 30 mars derniers se tenait le 5e Sommet international sur la profession enseignante à Banff en Alberta. Le Ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur, de la Science et de la Recherche (MEESR) a invité divers acteurs du monde de l’éducation, dont la FÉEP, à prendre part à cet événement d’envergure. Comment s’y soustraire?

Le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada (CMEC), le Partenariat en éducation, l’Internationale de l’Éducation et l’OCDE ont été les hôtes de ce 5e sommet sur la profession enseignante qui a accueilli les responsables de l’éducation de 15 pays. En ordre alphabétique pour ne léser personne, nous retrouvions les délégations des pays suivants : l’Allemagne, le Danemark, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, Hong-Kong, le Japon, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, la République populaire de Chine, le Royaume-Uni (Angleterre et Écosse), le Singapour, la Suède et la Suisse.

La première matinée a permis aux sous-ministres adjoints de l’Éducation de l’Alberta et de l’Ontario de présenter un aperçu de l’éducation de leur province respective plutôt que d’offrir un portrait de l’éducation au Canada, comme cela avait été annoncé. Cela a tout de même permis de comprendre comment ces deux provinces s’y sont prises pour relever les défis de rehausser les niveaux d’apprentissage et de diplomation des élèves de leur province. L’Alberta a présenté son programme Inspiring Education http://inspiring.education.alberta.ca qui a amené les responsables à redéfinir le curriculum pour favoriser des apprentissages plus en profondeur, à redéfinir ces mêmes apprentissages et à définir de nouvelles normes pour le personnel enseignant, les chefs d’établissement et les directeurs des districts.

L’Ontario, quant à elle, a présenté son curriculum qui s’appuie entre autres sur un tronc commun pour les neuf premières années des élèves : ce qui mènera pour les 11e et 12e années au Specialist High Skills Major http://www.edu.gouv.ca/morestudentsucces/program.html où les élèves s’engagent littéralement dans une démarche d’apprentissage personnalisé. Le programme Atteindre l’excellence du ministère de l’Éducation de l’Ontario http://www.edu.gov.on.ca/fre/about/excellent.html a ouvert les écoles sur la communauté et engagé les parents et les élèves sur le chemin de la réussite. Pour preuve, le taux de diplomation a grimpé de 15% en 10 ans chez nos voisins.

L’école 2.0 au Québec et au Luxembourg

À la suite de cette première présentation, nous devions choisir parmi trois (3) séminaires. L’occasion était belle pour entendre notre sous-ministre adjointe, Chantal Beaulieu, nous présenter la vision du Québec 2.0 de même que celle des responsables du Luxembourg. La sous-ministre adjointe Beaulieu a été claire en affirmant que le Québec se trouvait à la croisée des chemins : après le déploiement des CEMIS, des RÉCIT et de la classe branchée de 2011 avec ses TNI. « Le MEESR est en réflexion pour déterminer les orientations numériques pour l’école de 2020 », a-t-elle affirmé en guise de conclusion.

De son côté, le Grand Duché du Luxembourg a annoncé que le déploiement des ressources numériques faisait partie des priorités du nouveau gouvernement non seulement à l’école, mais aussi pour l’ensemble de sa société civile, afin de faire du pays une société numérique. Ainsi les élèves « devront suivre un nouveau cours de conduite pour vivre dans une vie virtuelle appuyée sur le numérique », a précisé Jos Bertemes, directeur du Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques au ministère de l’Éducation nationale du Grand-Duché de Luxembourg.

Cela a donné lieu à la création d’un Institut de formation nationale, il y a de cela quelques semaines à peine, d’une Édusphère pour fournir des exemples de pratiques pédagogiques à valeur ajoutée aux enseignants et d’espaces de réflexion sur la place du livre numérique pour accroître les apprentissages. La création du projet Bee creative (disponible dans deux mois seulement) voudra aider les élèves à se projeter et à s’orienter dans des professions numériques, tout comme la mise sur pied de lieux de partage avec la communauté (associations d’ingénieurs, par exemple) pour sensibiliser les jeunes aux professions de l’avenir.

Où l’éducation sera-t-elle dans cinq ans?

L’avant-midi s’est terminé sur un panel qui devait répondre à la question suivante : Où l’éducation sera-t-elle dans cinq ans? Mesdames Julie Bélanger de l’OCDE, Linda Darling-Hammond de l’Université Stanford, Julie Desjardins de l’Université de Sherbrooke et Messieurs Michael Fullan, conseiller auprès du ministère de l’Éducation de l’Ontario et Xavier Prats Monné de la Commission européenne ont livré leurs témoignages. Des points communs ont ressurgi pour que l’école se renouvelle.

L’importance de redonner le leadership aux enseignants a fait l’unanimité, afin d’assurer le changement dans les écoles : « To shake their school », dira Julie Bélanger. Le travail de collaboration a été maintes fois donné en exemple. Il est suggéré de créer des moments de partage et d’échange entre les enseignants. Par la force de la modélisation, il faut donner l’occasion aux enseignants d’observer les collègues en classe, qui réussissent bien, pour enrichir leur propre pratique.

La formation initiale a aussi été pointée de même que la création de standards pour la profession enseignante, comme on le voit déjà dans certains pays, afin que les enseignants puissent partager un référentiel commun qui définirait la profession. Il y serait question de valeurs, d’engagement, de formation continue et du sens de l’innovation.   Pour ce faire, les enseignants doivent sentir qu’ils peuvent exercer leur leadership en collaboration avec les directions d’école à défaut de quoi le lent désengagement de certains ne fera que s’accroître.

Tout cela ne pourra se réaliser sans que la profession enseignante ne devienne plus attirante pour de bons candidats, notamment en valorisant la profession. Même si de 80% à 90% des enseignants de l’OCDE disent aimer leur école, il n’en demeure pas moins qu’il leur est de plus en plus demandé de faire de la différenciation pédagogique, d’intégrer des élèves à besoins particuliers et des TIC en classe. Alors, il s’avère essentiel de favoriser les moments et les lieux de collaboration « quitte à revoir les structures de l’école », comme l‘affirmait Linda Darling-Hammond, qui suggérait aussi de former les directions pour stimuler l’engagement de leur personnel.

Leadership, reconnaissance et stratégies d’innovation : des clés pour valoriser la profession enseignante

(suite de La profession enseignante : au cœur de la modernisation de l’école)

Trois grands constats

Le Sommet international sur la profession enseignante s’est officiellement ouvert en après-midi à la suite de la bénédiction de M. Allan Pard, aîné autochtone et conseiller principal au ministère albertain des Relations avec les Autochtones. Pour amorcer les différentes séances du Sommet, M. Anthony Mackay, modérateur et président-directeur général du Centre d’éducation stratégique, a présenté les trois postulats suivants : de manière générale, tout le monde reconnaît qu’il faut redonner du pouvoir aux enseignants (empowerment). Ensuite, la problématique de l’école demeure, notamment pour les élèves qui s’embêtent : il faut rendre l’école plus attirante et plus stimulante pour les élèves en général. Enfin, bien que les enquêtes internationales aient leurs limites, il faut en tenir compte pour mesurer l’évolution de nos systèmes d’éducation.

Le leadership (1re séance du Sommet)

Lors de la première séance consacrée au leadership, les pays membres ont reconnu l’importance de créer un climat de collaboration et d’inclusion pour inciter les partenaires à s’inscrire dans une démarche d’innovation. Au-delà du partage d’une vision commune, nécessaire à tout déploiement de projet, il faut s’assurer que cette même vision ne se limite pas qu’aux convertis, mais qu’elle rejoigne le plus grand nombre d’acteurs du milieu de l’éducation.

Il faut le reconnaître, le leadership collaboratif est tout de même récent dans le domaine de l’éducation. Apprendre à travailler avec les syndicats, la communauté, les parents et les enseignants tout à la fois, pourrait facilement devenir source de conflits, si cela ne fait pas partie de la culture ambiante. C’est ce qui amène certains pays, comme l’Écosse à créer des ateliers de leadership, de les inclure dans des plans de développement professionnel, comme en Ontario ou encore de revoir la formation des directeurs comme au Japon.

Des initiatives encourageantes ont émané de ce panel, telles que le partage des pratiques exemplaires des collègues joint à la contribution d’experts auxquels se sont greffée la création d’un cadre de leadership collaboratif pour les enseignants, notamment en Nouvelle-Zélande. Diverses formes de mentorat ont été présentées soit pour accueillir les nouveaux enseignants dans la profession, mais aussi pour amener de changements de pratiques pour le personnel en place. De manière générale, il a été reconnu que l’intégration des TIC permettait d’accroître le développement professionnel des enseignants, mais aussi leur collaboration et leur sens du leadership. L’Ontario a même développé des camps d’été portant exclusivement sur le leadership.

La reconnaissance et l’efficacité (2e séance du Sommet)

« Les données de l’Enquête internationale sur les enseignants, l’enseignement et l’apprentissage (TALIS) de l’OCDE indiquent que les systèmes d’éducation les plus fructueux sont ceux au sein desquels l’importance de la profession enseignante est largement reconnue par la société. Les données indiquent aussi que le sentiment d’efficacité du personnel enseignant pourrait être un facteur important de réussite des élèves. »[1]

Dans une époque où les ressources financières se font rares, il est difficile d’améliorer socialement la reconnaissance du personnel enseignant par la rémunération. Éducation internationale se demande même si, dans un tel contexte, nous réussissons à attirer les véritables professionnels que le système d’éducation nécessite. Cet état de fait ne contribue en rien à contrer le cynisme ambiant ni à inscrire les enseignants dans une véritable collaboration, ajoute-t-elle.

L’OCDE reconnaît qu’il est impossible d’agir sur tous les fronts et qu’il est important d’établir des priorités pour dynamiser les systèmes d’éducation. Elle propose, à l’image de plusieurs pays, dont la Finlande, la Nouvelle-Zélande et la Suède, d’utiliser les données probantes de la recherche pour améliorer l’efficacité de nos écoles. Or, il est désolant de découvrir qu’une seule réforme sur dix, parmi toutes celles implantées, donne lieu à des études d’impact. Serions-nous en droit d’interpeler notre propre ministère sur ces études d’impact plus de 15 ans après l’implantation de la réforme au Québec?

Ces études d’impact ont fait la démonstration au fil des ans de l’efficacité des modèles s’appuyant sur la collaboration des intervenants. À l’inverse, la rémunération appuyée sur la méritocratie mise de l’avant dans certains états américains n’a jamais trouvé d’écho dans ces études. Enfin, de manière générale, les pays qui ont des politiques de développement professionnel s’appuyant sur des référentiels clairs observent de plus en plus d’effets positifs tant auprès des enseignants que de la population, qui reconnaît le rôle crucial de l’éducation pour le développement de la société.

Les stratégies d’innovation (3e séance du Sommet)

Ce ne sont pas tous les pays qui, comme la Suède, ont une tradition d’innovation. Depuis longtemps, ce pays nordique partage une attitude d’ouverture quant à la réflexion libre, l’esprit critique et l’échec comme faisant partie de la démarche d’apprentissage. Maintenant, les écoles secondaires suédoises valorisent de plus en plus les approches entrepreneuriales pour encourager les initiatives. De même, les arts et la créativité font partie du cursus des élèves, afin de stimuler les deux sphères du cerveau et ainsi dynamiser la création et l’innovation.

Pour valoriser les initiatives gagnantes, Singapour a développé un fonds de l’innovation basé sur la logique des cercles de qualité. Par exemple, des prix de l’innovation sont remis pour des projets locaux qui seraient transférables dans d’autres établissements du pays. De forts investissements ont été faits dans les compétences du 21e siècle telles que la créativité, le partage et la collaboration. Des applications mobiles ont été développées pour réduire des tâches administratives des enseignants et ainsi libérer du temps.

La Chine encourage le partage des réussites entre pairs, mais aussi avec des collègues d’autres matières. Elle souscrit aux compétences du 21e siècle, supporte grandement le développement des compétences liées aux technologies numériques et promeut les travaux de laboratoire tant pour les élèves que pour les enseignants. Pour sa part, la Nouvelle-Zélande vient d’investir 10 millions de dollars sur trois ans dans un fonds d’innovation et le Royaume-Uni arrime tout son système d’éducation aux réussites du London Challenge pour innover sur le plan national.

Cependant, plusieurs pays avouent leurs difficultés à faire preuve d’innovation pour différentes raisons allant de la définition de la profession enseignante et de son rôle social en passant par les relations de travail jusqu’aux mentalités nationales à réinventer voire la méconnaissance des défis à relever pour certains acteurs. L’OCDE reconnaît elle-même qu’il est difficile d’innover avec les modèles d’écoles tels que nous les connaissons aujourd’hui.

Finalement, il ressort de cette séance que les stratégies d’innovation trouvent leurs meilleures réalisations quand il y a un fort leadership et lorsque les enseignants sont partie prenante des orientations avec les directions et les responsables du ministère; que les rôles dans le déploiement des stratégies sont clairement définis; que l’autonomie et le leadership des enseignants peuvent s’exercer et que les temps de partage et de formation font partie de ces stratégies.

Quelles sont les prochaines étapes? (Séance de clôture)

Lors de cette séance de clôture, les porte-parole de chacun des pays présents ont été invités à émettre trois orientations sur lesquelles il faudrait s’attarder en vue du prochain Sommet international de Berlin 2016. Il appert que les défis sont multiples pour cette école du 21e siècle qui tarde à s’implanter, comme plusieurs d’entre nous le souhaitent.

Force est de constater que les grands thèmes sur lesquels les pays membres veulent faire porter leurs efforts sont variés. Parmi eux figurent le développement professionnel (formation initiale, continue, tout au long de la vie, lieux d’apprentissage…), la gestion collaborative et le leadership (partage des responsabilités, observation des pairs, partage de pratiques…), l’intégration des technologies numériques et de la recherche à l’école (création de communautés d’apprentissage, travailleur avec des données probantes et des chercheurs sur le terrain, intégrer les enseignants à la recherche…), l’accès équitable en matière d’éducation (enseignement national, à distance, en région…), le développement des compétences du 21e siècle (collaboration, créativité, communication…), l’ouverture sur la communauté (entreprises, collectivité, parents…), le rehaussement des curriculum (enseignement de base renforcé, compétences transversales, créativité…), et bien évidemment, la reconnaissance de la profession enseignante (valorisation, reconnaissance sociale, attitude innovante, sentiment de confiance, candidat de haut niveau…).

Finalement

Rares sont les pays qui n’ont pas connu de réformes de leur système d’éducation dans les dernières années. Ces réformes poursuivaient toutes les mêmes objectifs, soit celui d’améliorer la qualité des apprentissages des élèves et celui de hausser les taux de diplomation.

Les enquêtes internationales comme TALIS ou PISA, bien qu’elles comportent leurs limites, mettent en lumière les forces et les faiblesses de nos systèmes d’éducation respectifs. Le chemin à parcourir n’est pas le même pour tous, mais le défi de l’adaptation est le même, peu importe le pays où nous nous trouvons.

Le leadership doit être redonné aux enseignants et les élèves doivent avoir le goût d’être à l’école. Pour ce faire, devrons-nous remettre en cause le modèle même de l’école? Poser la question, c’est y répondre diront certains.

Dans ce contexte, la conclusion d’Andreas Schleicher de l’OCDE prend toute sa valeur. « Il faut rendre l’éducation intéressante comme si nous vendions un produit de luxe ».

[1] Sommet international sur la profession enseignante : Mettre en œuvre des politiques et des pratiques hautement efficaces en enseignement. Mars 2015. (Programme) p. 11.

Sommet pancanadien sur la profession enseignante

Les 29 et 30 mars derniers se tenait le 5e Sommet international sur la profession enseignante à Banff en Alberta. La veille, le 28 mars, était consacrée au Sommet pancanadien sur la profession enseignante qui réunissait, entre autres, le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada (CMEC). Le Ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur, de la Science et de la Recherche (MEESR) a invité divers acteurs du monde de l’éducation, dont la FÉEP, à prendre part à cet événement d’envergure.  Comment s’y soustraire?

Le Sommet pancanadien a donné lieu à quatre grandes séances pour explorer les questions suivantes : Comment favoriser l’innovation au service de l’apprentissage? Comment favoriser la responsabilisation collective pour l’amélioration constante de l’enseignement et de l’apprentissage? Quels changements cruciaux apporter pour permettre une éducation pertinente et équitable pour les Autochtones? Comment promouvoir l’équité pour tous les apprenants?

Ces séances nous ont permis d’entendre l’état de la situation au Canada grâce à la collaboration d’Andreas Schleicher de l’OCDE, Michael Fullan de l’Université de Toronto, Julie Desjardins vice-doyenne de l’Université de Sherbrooke, Darren McKee des Conseils scolaires de la Saskatchewan et Avis Glaze d’Edu-quest international et anciennement du ministère de l’Éducation de l’Ontario.

Andreas Schleicher a tout d’abord dressé le tableau de la profession enseignante dans les pays de l’OCDE.  L’enquête TALIS (enquête internationale sur l’enseignement et l’apprentissage de l’OCDE) révèle qu’il y a un grand décalage entre ce que les enseignants savent qu’ils doivent faire et ce qu’ils font véritablement en classe.  Ainsi, les trois quarts des enseignants qui ont participé à l’étude disent ne pas avoir le temps de se perfectionner, alors que ceux qui se perfectionnent constatent de façon unanime les effets positifs sur les apprentissages.

Comment favoriser l’innovation au service de l’apprentissage?

Les facteurs observés qui ont entrainé des changements positifs pour la profession enseignante et les apprentissages s’appuient de façon générale sur des approches collaboratives.  Les systèmes d’éducation qui ont amené leurs enseignants à faire du travail collaboratif, à partager leurs meilleures pratiques pédagogiques et à s’observer mutuellement en classe se sont non seulement améliorés, mais cela a entrainé une hausse de l’engagement et de la motivation du personnel enseignant.

Trois grands facteurs ressortent afin de favoriser les innovations et ainsi créer un impact sur l’apprentissage des élèves. Il importe tout d’abord d’assurer une formation initiale de qualité aux futurs enseignants qui sauront s’inscrire dans une démarche de formation continue tout au long de leur vie (longlife learning).  L’importance de créer des liens entre la recherche et la pratique a été réaffirmée  comme facteur stimulant les innovations. Enfin, le leadership enseignant doit non seulement être reconnu, mais il se doit d’être encouragé pour favoriser l’innovation et espérer des changements durables des pratiques.

Comment favoriser la responsabilisation collective pour l’amélioration constante de l’enseignement et de l’apprentissage?

Julie Desjardins de l’Université de Sherbrooke fait appel aux croyances et aux valeurs pour faire évoluer les pratiques et espérer que celles-ci s’inscrivent dans le temps.  Pour cela, il faut que les enseignants sentent que l’innovation peut venir d’eux, qu’ils doivent travailler ensemble et que le changement fait partie de leurs responsabilités.  Michael Fullan de l’Université de Toronto endosse aussi la notion de valeurs et de culture qui doivent se refléter, selon lui, dans une identité professionnelle qui s’appuierait sur un référentiel de compétences commun pour guider les enseignants dans leur rôle.  Il note au passage la surcharge administrative qui empêche le leadership pédagogique des enseignants. Il souhaite aussi que les enseignants, tout comme les élèves, soient des apprenants connectés pendant et au-delà des heures de classe.  Pour ce faire, il faut que l’école, l’élève et la maison soient branchées et ouvertes sur la communauté.  Il note qu’il importe de ne pas tout changer, mais de reconnaître les bonnes pratiques des enseignants pour ainsi leur permettre d’influencer  ce qu’il faut améliorer et ultimement de gagner leur adhésion.  Il termine en souhaitant voir naître une culture qui valoriserait le succès et le développement et où les enseignants pourraient collaborer grâce à un système de mentorat qui pourrait susciter ce fameux changement de culture.

Quels changements cruciaux apporter pour permettre une éducation pertinente et équitable pour les Autochtones?

L’éducation n’est pas desservie de la même manière auprès des Autochtones du Canada. Leur situation scolaire n’est pas la même au Québec (qui est de juridiction provinciale) que dans le reste du pays qui dépend encore des lois fédérales du début des années 60. Darren McKee de la Saskatchewan espère qu’un lien de confiance se développe dans les relations avec le fédéral et les communautés, que la réalité culturelle des Autochtones soit reconnue dans les curriculums et que les structures scolaires s’implantent dans les communautés au lieu de forcer les élèves à l’exil.

Comment promouvoir l’équité pour tous les apprenants?

Pour promouvoir l’équité pour tous les apprenants, Avis Glaze donne en exemple le modèle ontarien qui oblige les élèves à fréquenter l’école jusqu’à l’âge de 18 ans.  Ce facteur n’est pas suffisant à lui seul pour justifier l’augmentation du taux de diplomation de 15% en 10 ans. D’importants travaux en littératie et en numératie ont servi à revoir le curriculum et le temps d’enseignement de certaines matières,  l’importance des relations avec les élèves est (re)devenue une priorité et chaque élève est inscrit dans un plan de formation dans lequel il s’engage. Bref, le gouvernement ontarien a décidé d’identifier les lacunes, de mesurer la situation et l’impact des changements apportés avant de déployer les solutions qui ont fait que les apprenants réussissent mieux qu’il y a dix ans.

Cette première journée du Sommet sur la profession enseignante a permis de mettre la table et de faire le tour d’une certaine réalité canadienne qui nous échappe souvent en raison de la légitimité provinciale de nos ministères respectifs. Les deux jours suivants du Sommet international élargiront la perspective sur la profession enseignante en 2015.