Septembre revient et comme un bon étudiant, je reprends la plume. C’est naturel et viscéral à la fois ce besoin d’écrire : d’écrire plus longuement que dans une infolettre ou sur les médias sociaux. Il y a le plaisir de coucher par écrit, par le détail, les pensées tantôt effleurées ou tout simplement relayées faute d’espace dans la journée. Heureusement, il y a le soir quand le quartier se calme et que la réflexion se déploie.
En marge des querelles de restrictions budgétaires et de la place de l’éducation comme valeur fondamentale de notre société, nous sommes en droit de nous questionner sur la mutation du rôle des enseignants. Nous les souhaitons tous aptes à former ces élèves qui évolueront dans cette société du 21e siècle. Peut-on encore prétendre que la formation initiale répond aux défis que ces enseignants rencontrent au quotidien?
Un retour sur quelques ateliers sur le développement professionnel auxquels j’ai assistés lors du congrès d’ISTE 2015 en juillet dernier alimentera mes réflexions pour les articles à venir.
Crise de l’identité professionnelle
Les réformes de par le monde partagent une vision sensiblement commune du rôle de l’enseignant qui ne peut plus être celui d’un transmetteur de connaissances. Il suffit de « googler » certaines questions d’examen s’il faut encore s’en convaincre et comprendre que les élèves font leurs apprentissages dans plusieurs lieux autres qu’à l’école.
Les termes de guide et d’accompagnateur expert sont souvent utilisés pour désigner ce nouvel enseignant. Pour sa part, le chercheur et essayiste américain, Will Richardson, affirme qu’ils doivent devenir des leaders pédagogiques, afin de répondre aux nouvelles exigences de formation et d’apprentissage, à défaut de voir disparaître l’école. Hé, quelqu’un quelque part a-t-il cru bon d’aviser les enseignants de ce changement d’identité professionnelle?
Cette identité correspond à la définition du rôle du professionnel dans l’exercice de sa fonction. Or, dans le cas présent, cela renvoie au rôle de l’enseignant dans la société, à son utilité. Out, celui qui transmettait son savoir ! Bienvenue aux leaders pédagogiques.
Will Richardson reconnaît huit qualités (attributes) à ces enseignants modernes. [traduction libre]
- Ils sont branchés et engagés dans les réseaux sociaux;
- Ils sont professionnellement responsables avec (et sans) la technologie;
- Ils sont innovateurs et soutiennent l’innovation en classe;
- Ils sont des modèles d’apprenants en ligne et hors ligne;
- Ils voient leur programme en fonction de stratégies et non comme une finalité;
- Ils partagent une vision «en constante évolution» pour l’enseignement et l’apprentissage dans leurs écoles, avec (ou sans) la technologie;
- Ils se sont capables de contextualiser les apprentissages dans un environnement moderne;
- Ils savent que l’apprentissage c’est du travail.
Savoir accompagner
Nous savons tous que l’École est en pleine transformation : les enseignants les premiers. Ce n’est plus l’heure de se demander si elle doit ou non évoluer. Aussi, les besoins d’actualisation de la profession enseignante ne laissent plus de doute et doivent s’inscrire dans le temps. Pour cela, il faut soutenir les enseignants à vivre ces changements, il faut les accompagner et écouter leurs besoins de développement professionnel, afin d’améliorer leurs relations avec les élèves et la qualité des apprentissages réalisés en classe et hors classe.
Enfin, selon l’OCDE, la qualité des enseignants est le premier levier d’amélioration de l’efficacité des systèmes d’éducation. Ajoutons à cela un leadership pédagogique fort dans chacune de nos écoles et nous pourrons voir les traces tangibles de cette école du 21e siècle, ici, au Québec.