Les intentions pédagogiques au cœur d’un CAMP TIC

C’est aujourd’hui, le 15 août, que s’est amorcée la 14e édition du CAMP TIC de la FEEP (Fédération des établissements d’enseignement privés). Ce camp qui se déroule maintenant depuis 15 ans suscite un engouement qui ne se dément pas au fil des années. Voici une belle tradition de développement professionnel et d’émulation, tant pour les enseignants que pour leurs écoles qui bénéficient des retombées.

Le but premier de ces trois journées de formation est d’accompagner les enseignant(e)s dans l’intégration pédagogique des technologies en classe de manière optimale. Vous l’aurez deviné : Pas question d’intégrer des technologies en classe pour le simple plaisir de les intégrer. Au cœur de leur démarche, les enseignant(e)s doivent indubitablement cerner les intentions pédagogiques qui sous-tendront leur enseignement. Alors, à ce moment-là seulement, un choix de technologie pourra surgir.

Activité brise-glace

Activité brise-glace à l’accueil

Le thème de ces trois jours est prometteur : Créer des séquences d’enseignement en mode collaboratif dans une optique de pédagogie active qui s’appuie sur le questionnement. La pédagogie active a servi d’entrée en matière pour cette première journée et l’exploration de logiciels et d’applications, sous la forme de speed dating, a permis de présenter un éventail d’outils technologiques pour répondre aux divers besoins des participant(e)s.

Comment rendre les élèves actifs dans leurs apprentissages ? Comment optimiser ces apprentissages à l’aide de la technologie ? Questionner les pratiques pédagogiques et évaluatives, afin d’améliorer sa pratique professionnelle : voilà une première journée bien remplie.

Les animatrices et animateurs, Marie-Claude Gauthier, Kathleen Godard, Jacques Cool, Claude Frenette et Marc-André Girard ont fini la journée en soumettant un défi technologique aux participant(e)s : défi qui servira d’amorce pour la deuxième journée. C’est à suivre.

ISTE 2016 – La force des Keynotes

Participer au congrès de ISTE (International Society for Technology in Education) , c’est une occasion unique sur le plan professionnel. C’est l’occasion d’assister à des ateliers sur les courants forts en éducation, de découvrir des outils numériques innovants et aussi d’assister aux grandes conférences, appelées keynotes. Ces conférences donnent souvent lieu à des rencontres, à des chocs cognitifs forts, qui nous permettent de cheminer et d’avancer dans notre engagement pédagogique.

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Dans ce billet, je vous présenterai dans l’ordre les trois keynotes de ISTE 2016 animés par les conférenciers suivants : le Dr Michio Kaku, Professeures Ruha Benjamin et Michelle Cordy. Sans se concerter, ces trois conférenciers ont interpellé le milieu de l’Éducation, comme moteur de changement… pourvu que l’École accepte de briser le modèle actuel.

Dr Michio Kaku

Le Dr Kaku est physicien de profession, futurologue et conférencier de passion. Le titre de sa conférence Redifining Learning in a Technology-Driven World (Redéfinir le monde dans un univers axé sur la technologie) annonçait clairement l’orientation de son propos. Il affirme d’entrée de jeu qu’Internet, tout comme l’électricité autrefois, finira par être invisible et par faire partie naturellement de notre vie… et que ce jour n’est pas si loin.

Michio_Kaku_Presentation

Dr Michio Kaku @wikipedia

Cela exigera une redéfinition de la profession enseignante (cela fait un bout que nous l’entendons, mais l’urgence se manifeste de plus en plus). Bien sûr, finie la mémorisation au profit de l’enseignement de concepts et de principes, nous dit le Dr Kaku. Il faut préparer les élèves pour le monde dans lequel ils vivront, c.-à-d. un monde hyperconnecté où la création et l’imagination seront les compétences recherchées pour résoudre les problèmes auxquels les élèves seront confrontés demain. Rupture.

Si Napster a révolutionné le marché de la musique il y a quelques années, ce sera au tour des sciences et de la médecine à démocratiser l’univers dans lequel nous vivons. Des vêtements intelligents aux prothèses 3D jusqu’aux pilules numériques, nous n’avons pas fini de voir notre monde se métamorphoser. Il est possible d’entendre plusieurs des conférences du Dr Kaku YouTube.

Professeure Ruha Benjamin

La professeure Ruha Benjamin s’intéresse particulièrement aux relations entre l’innovation et l’équité, la science et la citoyenneté et la santé et la justice. Il n’est donc pas surprenant qu’elle demande à ses étudiants, comme aux enseignants dans les écoles, de questionner les vérités de ce monde, les acquis qui nous entourent. C’est ainsi, qu’elle nous révèle comment les algorithmes que nous questionnons sur les différents moteurs de recherche sont truffés de stéréotypes, de ségrégation, voire de racisme. Essayez de taper sur Google 3 adolescentes blanches VS 3 adolescents noirs : le contraste est frappant, choquant. Elle incite même les éducateurs à enseigner le code à leurs élèves pour « hacker » ni plus ni moins Internet. C’est par cette approche que  les systèmes numériques deviendront meilleurs et plus humains.

Professeure Ruha Benjamin @vimeo

Professeure Ruha Benjamin
@vimeo

Elle implore donc l’École à former les élèves à se questionner en profondeur au lieu de chercher à former de bons citoyens qui réussissent leur vie en répétant ce que nous attendons d’eux. Rupture. Elle donne en exemple le fait que nous pouvons détecter des cellules cancéreuses avec des IRM ou reproduire des cellules du cœur en laboratoire. Pourquoi ne pourrions-nous pas aussi détecter et enseigner l’empathie pour mieux aider les patients. Elle appelle une École où le questionnement prime et où les relations humaines l’emportent sur les lieux communs. Son Ted Talk de Baltimore vous donnera une bonne idée.

Michelle Cordy

La conférence de clôture présentée par Michelle Cordy, enseignante et chercheure en éducation en Ontario, s’intitulait Show up and refuse to leave (Montrez-vous et refusez de partir). Il ne faudra pas s’étonner avec un tel titre qu’elle appelle les enseignants à faire les choses autrement en classe. Elle reconnaît que les programmes et les évaluations sont des incontournables, mais qu’il faut aussi s’en extirper pour s’aménager de l’espace et du temps pour réaliser des projets significatifs et engageants pour les élèves. Rupture.

Michelle Cordy

Michelle Cordy

Elle met les enseignants en garde contre l’isolement professionnel et insiste sur l’importance de créer des réseaux pour s’alimenter et aussi alimenter les autres (connected educator). Elle parle de prendre soin de soi pour être en mesure de prendre soin des autres à son tour (stewardship). Elle insiste sur le sens de la tâche, son processus, sa finalité et sa diffusion (expand the network) pour contribuer à l’engagement des élèves (engage and empower). Pour cela, il faut accepter de vivre des ruptures et de défendre ses idées (même si la nuit venue, on peut douter). C’est à ce prix que les changements arriveront, nous dit-elle.  Pas étonnant que sa page d’accueil s’ouvre sur la phrase suivante: Je suis en mission pour enseigner différemment.

Hack the Classroom - Michelle Cordy

Hack the Classroom – Michelle Cordy

Marie-André Ouimet @maotechno en a fait un superbe croquinotes de la conférence de Michelle Cordy.

michelle-cordy-croquinotes Marie-Andréee Ouimet @maotechno

michelle-cordy-croquinotes @maotechno

Des sources d’inspiration

Prenez le temps de visionner les documents inscrits dans ce billet, vous comprendrez alors sûrement mieux l’impact que ces conférenciers peuvent insuffler sur le monde de l’éducation. Le défi après tout cela demeure le même : oser marquer des ruptures pour donner à nos élèves l’École à laquelle ils ont droit.

Mieux comprendre le cerveau pour aider les élèves à besoins particuliers

L’Institut des troubles d’apprentissage a tenu un symposium le 6 avril dernier portant sur les neurosciences éducationnelles : Cognition, cerveau et trouble d’apprentissage. Des experts d’Europe et du Canada sont venus présenter leurs travaux dans le cadre du 41e congrès de l’Institut TA. Il reste encore beaucoup de recherche à effectuer pour comprendre les mécanismes complexes du cerveau humain. Survol sur deux présentations coup de cœur.

Les limites des neurosciences

La matinée s’est ouverte sur la conférence de la professeure Nienke Van Atteveldt de l’Université d’Amsterdam. Un peu à la manière de Steve Masson, de l’UQAM, la professeure Van Atteveldt s’en est prise au neuromythes qu’il importe de déboulonner pour mieux comprendre ce que sont les neurosciences.

D’entrée de jeu, elle a spécifié qu’il était impossible de déceler les élèves à troubles d’apprentissage à l’aide de la technique de l’imagerie par résonance magnétique, appelée IRM. L’imagerie par résonance magnétique est un examen médical qui utilise un champ magnétique et des radiofréquences qui permettent de générer des images très précises, en 2D ou en 3D, des parties du corps et organes internes tels que le cerveau[i]. La lecture obtenue permet d’identifier les variations de niveau d’oxygène dans les vaisseaux sanguins du cerveau, sans pour autant expliquer ce qui se passe dans cette région neuronale. De là tout le défi des neurosciences.

IRM du cerveau

Des mythes persistants

La professeure Van Atteveldt s’en est prise à la croyance très répandue voulant que le cerveau cesse d’évoluer au-delà de l’âge de 25 ans. Or, la plasticité du cerveau se maintient, et ce, peu importe l’âge, pourvu qu’il soit stimulé, précise-t-elle. Il en est de même pour la différence des cerveaux des hommes et des femmes qui s’avèrent fort marginale. Les tenants du brain gym seront aussi déçus d’apprendre qu’une faible consommation d’eau ne fait pas rétrécir le cerveau, conclut-elle.

Bien que les neurosciences connaissent une popularité grandissante, la professeure précise que les techniques de l’IRM sont encore bien limitées. Elles permettent pour l’instant d’identifier les zones du cerveau qui réagissent lorsque nous levons un doigt ou nous nous rappelons un souvenir. Il reste encore beaucoup de recherche à faire pour isoler les mécanismes en place lors de la réalisation de tâches complexes.

Comment apprend-on que 1 + 1 = 2 ?

La question semble simple de prime abord, mais elle soulève l’essence même de la présentation de Jérôme Prado de l’Institut des sciences cognitives Marc Jeannerod de Lyon : à savoir qu’est-ce que la dyscalculie ? S’agit-il d’une difficulté d’apprentissage associée aux mathématiques ou aux troubles du langage ? Et en quoi les neurosciences peuvent-elles contribuer à démystifier cette problématique ? Il faut savoir que plusieurs associent les troubles d’apprentissage en mathématique à des manifestations de la dyslexie.

http://www.google.ca/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&source=images&cd=&cad=rja&uact=8&ved=&url=http%3A%2F%2Fwww.mpmschoolsupplies.com%2Fp-35669-learning-magnets-numbers-math-signs.aspx&psig=AFQjCNGBA3--UJyA7uUrJeXPJKvcTDcT4w&ust=1460410192062046

Opérateurs mathématiques                                                

Pour bien circonscrire sa problématique, le professeur Prado a d’abord soumis ses élèves à des questions qui relèvent des habiletés langagières pour délimiter les régions phonologiques du langage. Par la suite, il leur a présenté des tâches purement mathématiques à l’aide des opérateurs plus, moins et fois.

Des opérations et des zones distinctes

L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet d’identifier les zones du cerveau qui sont sollicitées lorsque nous effectuons des tâches. Or, elle a révélé que les opérations de base comme l’addition et la soustraction mettent immédiatement le cerveau en action dans une zone définie du cerveau. Cela n’est pas le cas lorsque l’élève est soumis à des multiplications.

Les travaux du professeur Prado révèlent que ce ne sont pas les régions phonologiques du langage qui sont sollicitées lorsque les élèves sont soumis à des tâches purement mathématiques. Son hypothèse de travail s’appuie maintenant sur la difficulté des élèves à récupérer en mémoire la séquence des nombres : appelée la ligne numérique. La dyscalculie pourrait donc être associée à un déficit d’automation et non aux fonctions du langage.

Des années de recherche à venir

Pour l‘heure, les travaux en neurosciences ne peuvent être directement transférés en classe pour venir en aide aux élèves à besoins particuliers. Il est possible de lire l’activité cérébrale, mais comment comprendre les interactions entre les différentes zones du cerveau demeure un défi pour les chercheurs.

 

 

 

[i] IRM-Québec, http://irmquebec.com/lirm/quest-ce-quune-irm/

REFER 2016 : résolument tourné vers l’avenir !

Placée sous le thème « Quelles compétences à l’école pour un monde en mutation ? », la 3e édition des Rendez-vous des écoles francophones en réseauREFER a donné place à une multitude de points de vue sur les défis qui attendent l’école.

L’intelligence artificielle bouleversera notre relation au savoir

D’entrée de jeu, Ollivier Dyens (@Ollivier_Dyens), de l’Université McGill nous a plongés dans l’univers de l’intelligence artificielle et de son vaste potentiel. Le titre de sa conférence « Des nains sur les épaules de géants. L’intelligence artificielle et la renaissance de l’éducation », annonçait un changement de paradigme total quant à la manière d’aborder l’éducation. Nous ne sommes qu’au début d’une métamorphose de notre univers qui n’ira qu’en s’accélérant et que non seulement il ne sert à rien d’y résister selon le professeur Dyens, mais il vaudrait mieux y plonger, afin de mieux comprendre l’inévitable révolution qui s’annonce à l’horizon.

 

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Intelligence artificielle CC0 Public Domain

Dans un même souffle, le professeur Dyens affirme que le Québec a probablement un des meilleurs systèmes d’éducation au monde, mais il s’interroge sur ses possibilités à affronter les défis technologiques qui l’attendent dans les prochaines années. Comme il le dit, « nous sommes sur les berges d’un monde nouveau, d’un nouvel écosystème : ne refusez pas ce monde ». Il s’agit là d’un appel pressant à saisir pour notre système d’éducation qu’Ollivier Dyens juge beaucoup trop rigide. L’auriez-vous deviné ?

La nécessité du numérique en classe n’est plus à démontrer

Quelle belle porte d’entrée pour la suite avec le panel de Jacques Cool sur le thème de la nécessité du numérique en classe. Certes le numérique ne remplacera pas l’enseignant et n’occupera pas toute la place en classe, mais force est d’admettre que le rapport au savoir et aux compétences est ici aussi, en totale mutation. Il n’est plus question d’accès aux connaissances lorsqu’il est question du numérique à l’école, mais bien d’une série de savoirs aussi essentiels les uns que les autres comme l’identité numérique (savoir-être), le tri des sources (savoir discerner), le réseautage (savoir collaborer) et la création (savoir publier).

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Identité numériqueCC0 Public Domain

Ces propos ont été fortement illustrés par deux exemples probants. Le premier de Papa Youga Dieng (@yfaly) de l’Organisation internationale de la francophonie OIF et par Ugo Cavenaghi (@cavenaghuiu) du Collège Sainte-Anne. Ugo Cavaneghi appelle à une révision fondamentale des approches pédagogiques au risque de voir disparaître les écoles qui s’entêteront à ne vouloir transmettre que des connaissances de manière traditionnelle.

Place à la créativité

Comment mieux terminer ce cycle, si ce n’est qu’en se mettant à la tâche d’imaginer l’école idéale ? C’est le défi auquel nous a invités Ewan McIntosh (@ewanmcintosh), entrepreneur et consultant mondial dans l’intégration des médias et de la pensée créatrice en apprentissage. Il a amené les participants à identifier leurs zones de participation, de performance et de publication avant de penser à écrire leur vision. Un exercice qui illustre bien la philosophie de son approche créatrice chez NoTosh, qui s’appuie sur le design thinking.

Bien davantage

REFER 2016 c’est aussi une série d’ateliers et de rencontres enrichissantes et inspirantes. REFER, c’est un lieu de partage pour plus de 130 classes établies dans plus de dix pays. REFER, c’est un moment unique pour voir l’école autrement à travers différents projets de par le monde. REFER, c’est Nathalie Couzon (@nathcouz) et Monique Lachance (@lacmonique), les deux fondatrices que je félicite chaleureusement.

Le CADRE21 : un nouvel agent de changement

C’est à peine revenue du Colloque de Clair 2016, au Nouveau-Brunswick, que l’équipe du CADRE 21 s’est affairée à accueillir les visiteurs lors de l’opération Portes ouvertes qui se déroulait dans ses locaux du boulevard Henri-Bourassa Est à Montréal, du 1er au 4 février dernier. L’événement a suscité beaucoup de curiosité pour ce nouveau joueur du monde de l’éducation. Au moment où la plupart des états appliquent des régimes minceurs à leurs systèmes éducatifs, l’offre du CADRE21 arrive comme une bouffée de fraîcheur, afin de stimuler l’engagement et le développement professionnel des enseignantes et enseignants de la francophonie.

Inauguration du CADRE21

Jacques Cool, coordonnateur du CADRE21 et moi-même, coordonnateur au développement pédagogique, avons sillonné le Québec et le Canada l’automne dernier, afin de préparer la venue du Centre d’Animation, de Développement et de Recherche en Éducation pour le 21e siècle www.cadre21.org à une quinzaine de groupes distincts. Nous avons procédé à l’inauguration officielle des lieux et de son site Web le jeudi 21 janvier dernier en compagnie d’acteurs de l’éducation, actuels et des premières heures, d’enseignants, de chercheurs, d’hommes et de femmes politiques, de gens des médias, d’administrateurs et bien évidemment d’élèves; puisque c’est pour eux que nous cherchons constamment à améliorer la pratique des professionnels de l’Éducation. Un robot de téléprésence a permis à Sylvie Blain, professeur de didactique du français à l’Université de Moncton au Nouveau-Brunswick et à Christophe Batier, directeur technique du service Icap à l’Université de Lyon 1 de participer à l’inauguration et de s’entretenir avec les invités sur place, et ce, malgré la distance.

Jacques Cool et Jarvis

Jacques Cool et le robot de téléprésence Jarvis

Le CADRE21 : un lieu

Les portes ouvertes ont permis d’accueillir une centaine de visiteurs dans les locaux du CADRE21 entre le 1er et le 4 février. Des enseignants, des directions d’établissements, des conseillers pédagogiques, des chercheurs, des représentants syndicaux et du monde des affaires ont tour à tour franchi les portes pour découvrir ce nouvel environnement. Au-delà de sa salle de conférence multifonctionnelle et de son robot de téléprésence, prénommé Jarvis (en référence à l’ordinateur central de Marvel) le centre offre des salles de création et de production tout à fait innovantes et inspirantes, aux dires des visiteurs. Cela c’est sans parler d’un coin lounge propice aux échanges informels. Les salles entièrement numériques s’appuient sur un système de domotique permettant de créer des lieux interactifs de travail ou encore des atmosphères où les sons et les éclairages s’adaptent en fonction des besoins de l’animation ou de l’activité en cours.

Salle de conférence

Salle de conférence multifonctionnelle

Le CADRE21 : un site en trois axes

Les visiteurs ont pu être mis en contact avec les trois grands axes du site du CADRE21 qui s’articulent autour de l’animation, du développement et de la recherche. Bien évidemment, les animations diffusées à partir du CADRE21 auront pour thématique l’Éducation, mais dans toutes ses dimensions c.-à-d. tant micro que macro. Cela pourra donner lieu à la tenue de Soupers pédagogiques presque parfaits, avec des problématiques reliées davantage à la réalité quotidienne de l’École. Ce sera aussi l’occasion de questionner les grands enjeux mondiaux de l’Éducation à travers les rôles et les fonctions de l’École relativement aux exigences de la profession enseignante au 21e siècle telles que définies par l’UNESCO ou Partnership for 21st century learning, par exemple.

Le volet développement constitue à coup sûr l’axe majeur sur lequel le CADRE21 s’est investi. Le développement professionnel s’inscrit clairement dans une offre de formation continue pour les enseignants et les professionnels de l’éducation. Cette offre de développement professionnel s’appuie sur une approche d’accompagnement : accompagnement par les pairs et par la communauté d’apprentissage qui se développe à chacun des niveaux d’apprentissage. Le tout soutenu par un système de badges numériques dont les données cryptées témoignent des réalisations de chacun. Ainsi, les professionnels sont invités à identifier leurs besoins de formation en fonction de trois familles de compétences : à savoir, l’intégration des TIC, la gestion de classe et les stratégies pédagogiques.

Familles de badges

Familles de badges

Une fois inscrits, les enseignants ont accès à de la documentation préalablement sélectionnée pour sa pertinence, par des experts de contenu. Ce corpus permet donc aux apprenants d’explorer et de cheminer en ayant accès à une foule de données, de témoignages d’experts ou de collègues. Finalement, une fois le parcours terminé, l’apprenant est en mesure de procéder à la demande de son badge. Libre à lui de s’inscrire dans un autre par la suite. À la différence d’un MOOC ou de formations plus traditionnelles, le parcours de formation proposé par le CADRE21 ne requiert aucune présence ni suivi d’un horaire commun. Les contraintes de lieux et de temps qui sont les principaux obstacles à la formation continue viennent de s’effacer avec cette offre du CADRE21.

Parcours de formation

Parcours de formation

La dimension recherche s’appuie sur la collaboration avec des organismes bien reconnus dans le monde de l’éducation. Il suffit de penser aux Thot Cursus, Carrefour Éducation, CTREQ ou Canopé de ce monde pour s’en convaincre. «  Le but escompté n‘est pas de créer un autre silo en marge de ce qui existe déjà en éducation », nous rappelle Jacques Cool. Au contraire, le CADRE21 veut regrouper en son sein, les meilleures références sur les diverses thématiques liées à l’éducation sans que les visiteurs n’aient à cheminer à travers différents sites. Le volet recherche offrira un lieu de partage des meilleures pratiques, le tout sous une même enseigne. Le CADRE21 envisage même de s’associer avec des maîtrisants ou des doctorants, afin de leur offrir un espace de collaboration et de vulgarisation de leurs travaux de recherche. Une forme de pont entre la recherche et la pratique, quoi!

Un bel avenir pour la profession enseignante

La particularité du CADRE21 se manifeste par son ouverture à l’ensemble des acteurs du monde de l’éducation dans l’ensemble de la francophonie et par son offre de formation qui laisse l’apprenant libre d’entreprendre à son rythme une démarche de formation continue. À l’heure où la profession enseignante doit s’actualiser de plus en plus pour répondre aux besoins pressants de cette école du 21e siècle, le CADRE21, se présente comme un agent de changement incontournable.

Quand la science aide les élèves à mieux réussir à l’école !

À l’heure où la majorité des pays membres de l’OCDE repensent leurs systèmes d’éducation, voici que les neurosciences arrivent au secours des élèves pour optimiser leurs apprentissages. Les récentes recherches en science cognitive déboulonnent des mythes en éducation et encouragent certaines stratégies pédagogiques qui contribuent à la réussite des élèves. Tout cela grâce à l’imagerie cérébrale.

Les mythes sont tenaces lorsqu’il est question du cerveau en éducation. Les principaux neuromythes, puisque c’est de cela qu’il s’agit, sont fortement ancrés dans la population mais aussi chez les enseignants. Voici les principales idées reçues :

  • L’humain se sert d’à peine 10% de son cerveau (faux, il fonctionne à 100% selon les tâches demandées);
  • Le cerveau est plus performant avant l’âge de 50 ans (faux, il conserve sa plasticité toute sa vie en autant qu’il soit régulièrement sollicité);
  • Les différences entre les hémisphères gauche et droit expliquent la différence des apprentissages (faux, les hémisphères sont complémentaires);
  • Le respect du style d’apprentissage de l’élève (auditif, visuel, kinesthésique) affecte sa réussite (faux, aucune étude n’a réussi à le prouver sinon qu’il importe de varier ses stratégies pédagogiques pour stimuler l’attention des élèves);

Comment voir les apprentissages ?

L’imagerie par résonnance magnétique (RIM) est à la base des travaux en neuroscience. Grâce à l’IRM, il est maintenant possible de voir l’activité cérébrale au moment des apprentissages. Elle permet d’illustrer les connexions qui se font selon les tâches demandées à l’élève. Plus spécifiquement, nous pouvons observer une augmentation de l’activité neuronale dans les zones où se font les apprentissages. Cela se démontre par l’accroissement du nombre de connexions qui s’opèrent dans le cerveau.

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Figure 1- Neurones-freeimages.com

Comment aider les élèves?

Le récent symposium international de l’Association canadienne en éducation www.cea-ace.ca/fr s’est déroulé sous le thème La persévérance scolaire – Ce que la neuroscience peut nous enseigner. Le Dr Steve Masson, de l’Université du Québec à Montréal et directeur du Laboratoire de recherche en neuroéducation (LRN),   y a présenté des stratégies pédagogiques que les enseignants auraient avantage à intégrer dans leur pratique.

Tout d’abord, il importe de répéter l’activation neuronale. « Si on emprunte souvent le même sentier dans la forêt, un chemin se développe et on y circule plus facilement », affirme-t-il. Il en est de même avec l’activation des mêmes connexions qui contribuent à ce que les élèves fassent de meilleurs apprentissages.

L’effet d’espacement des périodes d’étude, telle qu’il les appelle, contribue aussi à mieux ancrer les apprentissages. Ainsi, il est plus profitable d’étudier quatre fois 30 minutes plutôt que de le faire pendant deux heures. Le phénomène d’oubli s’en trouve diminué et la réactivation des connaissances augmente la rétention des apprentissages comme l’illustre la figure 2.

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Figure 2 Activation des savoirs ©Steve Masson

Le prochain article abordera les autres principes pédagogiques sur lesquels le Dr Masson fait porter ses recherches. Il s’agit d’autant de pistes pour mener les élèves vers la réussite.

Les neurosciences au-delà des mythes

L’Association canadienne d’éducation www.cea-ace.ca a tenu les 4 et 5 novembre dernier un symposium sur les neurosciences au Centre des Congrès de Québec. Malgré l’avis de certains chercheurs, trop peu sceptiques, qui trouvent cette « science » encore mal définie pour en faire un tel événement, l’ACE a tenu bon. Nous avons eu droit à trois exposés et pistes pratiques sous le thème de La persévérance scolaire – Ce que la neuroscience peut nous enseigner. Un riche symposium!

L’événement s’est ouvert avec la présentation, au titre très évocateur, La meilleure méthode d’apprentissage des mathématiques pour les enfants du Dr Daniel Ansari, (@NumCog) de la Chaire de recherche du Canada en neurosciences cognitives du développement et professeur au Western University de London, Ontario.

Il y a été notamment question du sens de quantité précurseur du sens des nombres chez les enfants. Ils en seraient dotés dès l’âge de 6 ou 9 mois; tout comme plusieurs animaux de l’espèce d’ailleurs. Ce sens de quantité qui s’appuie sur une connaissance non-symbolique des nombres ouvrirait la voie à la compréhension symbolique des mathématiques. Autrement dit, trois objets quelconques sont une représentation non-symbolique essentielle à la compréhension du chiffre trois (symbolique).

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©Daniel Ansari

Dr Ansari a aussi révélé que l’activation du cerveau chez l’enfant lors de calculs à un chiffre serait en mesure de prédire ses compétences en mathématique une fois rendu au secondaire.

Abattre les neuromythes et comprendre l’apport des neurosciences

La palme du symposium revient sûrement au Dr Steve Masson (@SteveMasson), professeur à l’UQAM et directeur du laboratoire de recherche en neuroéducation (LRN).

Après avoir déboulonné quelques mythes en science de l’éducation (neuromythes), le chercheur nous propose des approches efficaces pour aider les élèves à mieux réussir à l’école.

D’entrée de jeu, il nous propose de faire le ménage dans certaines croyances pédagogiques. Dehors les approches qui n’ont pas de fondements scientifiques pour le Dr Masson! Ainsi, les styles d’apprentissage de Gardner, ne trouvent pas d’écho chez Masson, pas plus que les théories axées sur la prédominance d’un hémisphère du cerveau ou encore la « braingym ». Aucune de ces approches n’a réussi à répondre à la démonstration scientifique des neurosciences.

Or, cette science a réussi à démontrer que l’élasticité du cerveau n’est pas l’apanage de l’enfance et que les connexions neuronales continuent à se multiplier dès l’instant que nous sommes en situation d’apprentissage. Comment maintenant réussir à optimiser nos apprentissages?

Steve Masson invoque l’influence prépondérante de la récupération de mémoire, afin de mobiliser les savoirs et ainsi améliorer les apprentissages. Outre cela, il invoque l’importance de morceler les apprentissages, afin d’optimiser leur acquisition. Ainsi, espacer les périodes d’apprentissage en courtes séquences en classe ou au moment d’étudier présente les gains les plus solides lors de l’observation des résultats d’analyse en laboratoire.

Espacement de temps

©Steve Masson

Bougez pour faire respirer votre cerveau

Les bienfaits de l’activité physique sur notre condition générale ne sont plus à démontrer. Qu’en est-il pour l’acquisition des connaissances? C’est la démonstration à laquelle se sont livrés Dre Lindsay Thornton, du Comité olympique américain, Alex Thornton, docteur en leadership pédagogique et Chris Gilbert, neuropsychologue informatique à l’Université de McMaster.

Si l’exercice ne rend pas plus intelligent, il prédispose à mieux apprendre, avons-nous entendu d’entrée de jeu. Comment cela s’opère-t-il? Par la simple oxygénation neuronale qui suit toute activité physique de moyenne à forte intensité. Le surentrainement est évidemment contre-indiqué.

Les bénéfices liés à l’activité physique se traduisent par une attention accrue, une chaîne d’opérations améliorée (traitement, mémorisation et récupération de l’information), une humeur et une motivation accrues. Si cette activité physique doit précéder les apprentissages, il serait peut-être pertinent de réviser certaines pratiques pédagogiques pour aider nos élèves.

La jeunesse des neurosciences explique facilement que 90% des connaissances dans ce domaine se sont faites au cours des 15 dernières années. Or, l’audace de tenir un symposium sur une si jeune science prouve bien le leadership de l’ACE.

L’identité précède le développement professionnel

Septembre revient et comme un bon étudiant, je reprends la plume. C’est naturel et viscéral à la fois ce besoin d’écrire : d’écrire plus longuement que dans une infolettre ou sur les médias sociaux. Il y a le plaisir de coucher par écrit, par le détail, les pensées tantôt effleurées ou tout simplement relayées faute d’espace dans la journée. Heureusement, il y a le soir quand le quartier se calme et que la réflexion se déploie.

En marge des querelles de restrictions budgétaires et de la place de l’éducation comme valeur fondamentale de notre société, nous sommes en droit de nous questionner sur la mutation du rôle des enseignants. Nous les souhaitons tous aptes à former ces élèves qui évolueront dans cette société du 21e siècle. Peut-on encore prétendre que la formation initiale répond aux défis que ces enseignants rencontrent au quotidien?

Un retour sur quelques ateliers sur le développement professionnel auxquels j’ai assistés lors du congrès d’ISTE 2015 en juillet dernier alimentera mes réflexions pour les articles à venir.

ISTE2015_1-24itn05[1]

Crise de l’identité professionnelle

Les réformes de par le monde partagent une vision sensiblement commune du rôle de l’enseignant qui ne peut plus être celui d’un transmetteur de connaissances. Il suffit de « googler » certaines questions d’examen s’il faut encore s’en convaincre et comprendre que les élèves font leurs apprentissages dans plusieurs lieux autres qu’à l’école.

Les termes de guide et d’accompagnateur expert sont souvent utilisés pour désigner ce nouvel enseignant. Pour sa part, le chercheur et essayiste américain, Will Richardson, affirme qu’ils doivent devenir des leaders pédagogiques, afin de répondre aux nouvelles exigences de formation et d’apprentissage, à défaut de voir disparaître l’école. Hé, quelqu’un quelque part a-t-il cru bon d’aviser les enseignants de ce changement d’identité professionnelle?

Cette identité correspond à la définition du rôle du professionnel dans l’exercice de sa fonction. Or, dans le cas présent, cela renvoie au rôle de l’enseignant dans la société, à son utilité. Out, celui qui transmettait son savoir ! Bienvenue aux leaders pédagogiques.

Will Richardson reconnaît huit qualités (attributes) à ces enseignants modernes. [traduction libre]

  1. Ils sont branchés et engagés dans les réseaux sociaux;
  2.  Ils sont professionnellement responsables avec (et sans) la technologie;
  3.  Ils sont innovateurs et soutiennent l’innovation en classe;
  4. Ils sont des modèles d’apprenants en ligne et hors ligne;
  5. Ils voient leur programme en fonction de stratégies et non comme une finalité;
  6. Ils partagent une vision «en constante évolution» pour l’enseignement et l’apprentissage dans    leurs écoles, avec (ou sans) la technologie;
  7. Ils se sont capables de contextualiser les apprentissages dans un environnement moderne;
  8. Ils savent que l’apprentissage c’est du travail.

Savoir accompagner

Nous savons tous que l’École est en pleine transformation : les enseignants les premiers. Ce n’est plus l’heure de se demander si elle doit ou non évoluer. Aussi, les besoins d’actualisation de la profession enseignante ne laissent plus de doute et doivent s’inscrire dans le temps. Pour cela, il faut soutenir les enseignants à vivre ces changements, il faut les accompagner et écouter leurs besoins de développement professionnel, afin d’améliorer leurs relations avec les élèves et la qualité des apprentissages réalisés en classe et hors classe.

Enfin, selon l’OCDE, la qualité des enseignants est le premier levier d’amélioration de l’efficacité des systèmes d’éducation. Ajoutons à cela un leadership pédagogique fort dans chacune de nos écoles et nous pourrons voir les traces tangibles de cette école du 21e siècle, ici, au Québec.

Branle-bas au royaume des mathématiques

En deux semaines d’intervalle, je suis tombé sur trois articles qui dénoncent l’état de l’enseignement des mathématiques tel que nous le connaissons dans nos écoles au Québec, en France et en Angleterre. Il n’y a pas à dire les planètes sont alignées pour que je me remette à l’écriture.

Dans son numéro du 15 mai 2015, la revue L’Actualité consacre deux de ses trois articles du dossier numérique à l’enseignement des mathématiques. Le 2 juin suivant, le journal Le Monde accuse les mathématiques d’être trop refermées sur elles-mêmes. Y aurait-il un malaise au royaume des mathématiques?

Conrad Wolfram, mathématicien anglais, propose de révolutionner l’enseignement des mathématiques en recourant à l’ordinateur pour effectuer les calculs. Il valorise l’utilisation de l’ordinateur, afin que cette matière soit plus adaptée au monde actuel. Sa solution : « remplacer l’apprentissage du calcul par celui de la programmation ». Shocking!

Au lieu d’astreindre les élèves à s’échiner sur de longs calculs, que l’ordinateur peut très bien résoudre, Wolfram propose de soumettre les élèves à des résolutions de problème. Il affirme d’ailleurs dans l’entrevue qu’il a accordée à L’Actualité que bon nombre d’élèves jugés « nuls» pourraient s’avérer excellents en résolution de problème grâce à une telle pédagogie.

Ne retrouve-t-on pas là les fameuses CD1 des séquences mathématiques du Programme de formation de l’École québécoise (PFED)? Peut-on vraiment parler de choix de séquence, quand on sait que les conditions pour offrir mathématique technico-science (TS) n’ont jamais véritablement été mises en place? Où sont les laboratoires pour que les élèves puissent explorer et manipuler, afin de comprendre ce qui devra être mis en théorie par la suite? Cette voie qui devait répondre aux élèves qui ont besoin de « voir » les mathématiques de manière plus concrète n’aura pas su faire sa niche. Faudrait-il aussi interroger l’ordre collégial qui s’est contenté de noter les nouveaux taux d’échec sans oser se remettre en question? Oh, douloureuse question!

Jocelyn Dagenais, enseignant de mathématique et président du GRMS, est aussi en faveur de l’intégration des technologies pour l’enseignement des mathématiques, quitte à même faire preuve de délinquance occasionnelle dans ses propres classes. Or, Dagenais dénonce le ridicule qui entoure la passation des épreuves de mathématique pour ces élèves qui ont accès à la technologie pendant toute l’année et qui doivent se soumettre à une évaluation traditionnelle du MEESR en fin de course. « C’est comme s’il utilisait une scie circulaire toute l’année et qu’il avait droit à une égoïne à l’examen », clame-t-il. Où sont les conditions équivalentes, telles que le demande le MEESR?

En France, Didier Dacunha-Castelle, réclame l’interdisciplinarité pour sortir l’enseignement des mathématiques de son carcan trop étroit. Non seulement il appuie la réforme des collèges (qui agite tant la société française), mais il souhaite que les mathématiques s’ouvrent à l’interdisciplinarité par l’intégration de l’informatique qui permettra ainsi une pédagogie par projet. Cela permettrait de faire entrer les élèves dans des situations d’apprentissage plus complexes, de recourir à la collaboration et d’effectuer des apprentissages à travers des cas plus riches. Serait-il ici encore question de résolution de problème?

Comme ces articles le révèlent, l’enseignement des mathématiques traverse une crise : crise qui n’est cependant pas insurmontable. Encore faudra-t-il que nos organisations scolaires et ministérielles acceptent de délaisser des pratiques autrefois jugées essentielles pour accéder à un enseignement qui propose de véritables résolutions de problème qui demandent aux élèves de mobiliser leurs savoirs de façon dynamique et pertinente.

Entre cet idéal proposé à travers ces trois textes et l’implantation d’une telle pédagogie, il faudra espérer une réelle volonté politique de favoriser l’apport du raisonnement mathématique dans la formation globale des élèves. Un beau défi à l’horizon!

La profession enseignante : au cœur de la modernisation de l’école

Les 29 et 30 mars derniers se tenait le 5e Sommet international sur la profession enseignante à Banff en Alberta. Le Ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur, de la Science et de la Recherche (MEESR) a invité divers acteurs du monde de l’éducation, dont la FÉEP, à prendre part à cet événement d’envergure. Comment s’y soustraire?

Le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada (CMEC), le Partenariat en éducation, l’Internationale de l’Éducation et l’OCDE ont été les hôtes de ce 5e sommet sur la profession enseignante qui a accueilli les responsables de l’éducation de 15 pays. En ordre alphabétique pour ne léser personne, nous retrouvions les délégations des pays suivants : l’Allemagne, le Danemark, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, Hong-Kong, le Japon, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, la République populaire de Chine, le Royaume-Uni (Angleterre et Écosse), le Singapour, la Suède et la Suisse.

La première matinée a permis aux sous-ministres adjoints de l’Éducation de l’Alberta et de l’Ontario de présenter un aperçu de l’éducation de leur province respective plutôt que d’offrir un portrait de l’éducation au Canada, comme cela avait été annoncé. Cela a tout de même permis de comprendre comment ces deux provinces s’y sont prises pour relever les défis de rehausser les niveaux d’apprentissage et de diplomation des élèves de leur province. L’Alberta a présenté son programme Inspiring Education http://inspiring.education.alberta.ca qui a amené les responsables à redéfinir le curriculum pour favoriser des apprentissages plus en profondeur, à redéfinir ces mêmes apprentissages et à définir de nouvelles normes pour le personnel enseignant, les chefs d’établissement et les directeurs des districts.

L’Ontario, quant à elle, a présenté son curriculum qui s’appuie entre autres sur un tronc commun pour les neuf premières années des élèves : ce qui mènera pour les 11e et 12e années au Specialist High Skills Major http://www.edu.gouv.ca/morestudentsucces/program.html où les élèves s’engagent littéralement dans une démarche d’apprentissage personnalisé. Le programme Atteindre l’excellence du ministère de l’Éducation de l’Ontario http://www.edu.gov.on.ca/fre/about/excellent.html a ouvert les écoles sur la communauté et engagé les parents et les élèves sur le chemin de la réussite. Pour preuve, le taux de diplomation a grimpé de 15% en 10 ans chez nos voisins.

L’école 2.0 au Québec et au Luxembourg

À la suite de cette première présentation, nous devions choisir parmi trois (3) séminaires. L’occasion était belle pour entendre notre sous-ministre adjointe, Chantal Beaulieu, nous présenter la vision du Québec 2.0 de même que celle des responsables du Luxembourg. La sous-ministre adjointe Beaulieu a été claire en affirmant que le Québec se trouvait à la croisée des chemins : après le déploiement des CEMIS, des RÉCIT et de la classe branchée de 2011 avec ses TNI. « Le MEESR est en réflexion pour déterminer les orientations numériques pour l’école de 2020 », a-t-elle affirmé en guise de conclusion.

De son côté, le Grand Duché du Luxembourg a annoncé que le déploiement des ressources numériques faisait partie des priorités du nouveau gouvernement non seulement à l’école, mais aussi pour l’ensemble de sa société civile, afin de faire du pays une société numérique. Ainsi les élèves « devront suivre un nouveau cours de conduite pour vivre dans une vie virtuelle appuyée sur le numérique », a précisé Jos Bertemes, directeur du Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques au ministère de l’Éducation nationale du Grand-Duché de Luxembourg.

Cela a donné lieu à la création d’un Institut de formation nationale, il y a de cela quelques semaines à peine, d’une Édusphère pour fournir des exemples de pratiques pédagogiques à valeur ajoutée aux enseignants et d’espaces de réflexion sur la place du livre numérique pour accroître les apprentissages. La création du projet Bee creative (disponible dans deux mois seulement) voudra aider les élèves à se projeter et à s’orienter dans des professions numériques, tout comme la mise sur pied de lieux de partage avec la communauté (associations d’ingénieurs, par exemple) pour sensibiliser les jeunes aux professions de l’avenir.

Où l’éducation sera-t-elle dans cinq ans?

L’avant-midi s’est terminé sur un panel qui devait répondre à la question suivante : Où l’éducation sera-t-elle dans cinq ans? Mesdames Julie Bélanger de l’OCDE, Linda Darling-Hammond de l’Université Stanford, Julie Desjardins de l’Université de Sherbrooke et Messieurs Michael Fullan, conseiller auprès du ministère de l’Éducation de l’Ontario et Xavier Prats Monné de la Commission européenne ont livré leurs témoignages. Des points communs ont ressurgi pour que l’école se renouvelle.

L’importance de redonner le leadership aux enseignants a fait l’unanimité, afin d’assurer le changement dans les écoles : « To shake their school », dira Julie Bélanger. Le travail de collaboration a été maintes fois donné en exemple. Il est suggéré de créer des moments de partage et d’échange entre les enseignants. Par la force de la modélisation, il faut donner l’occasion aux enseignants d’observer les collègues en classe, qui réussissent bien, pour enrichir leur propre pratique.

La formation initiale a aussi été pointée de même que la création de standards pour la profession enseignante, comme on le voit déjà dans certains pays, afin que les enseignants puissent partager un référentiel commun qui définirait la profession. Il y serait question de valeurs, d’engagement, de formation continue et du sens de l’innovation.   Pour ce faire, les enseignants doivent sentir qu’ils peuvent exercer leur leadership en collaboration avec les directions d’école à défaut de quoi le lent désengagement de certains ne fera que s’accroître.

Tout cela ne pourra se réaliser sans que la profession enseignante ne devienne plus attirante pour de bons candidats, notamment en valorisant la profession. Même si de 80% à 90% des enseignants de l’OCDE disent aimer leur école, il n’en demeure pas moins qu’il leur est de plus en plus demandé de faire de la différenciation pédagogique, d’intégrer des élèves à besoins particuliers et des TIC en classe. Alors, il s’avère essentiel de favoriser les moments et les lieux de collaboration « quitte à revoir les structures de l’école », comme l‘affirmait Linda Darling-Hammond, qui suggérait aussi de former les directions pour stimuler l’engagement de leur personnel.